25.3.07

Regards sur le cancer

Un après-midi très enrichissant était organisé samedi 24 mars par la Ligue contre le cancer en association avec Arte, à l'occasion du festival "Le Bruit court", au théâtre Bobin'o près de Montparnasse.
D'abord, une conférence très intéressante animée par le professeur Gérard Dubois, président de l'Alliance contre le tabac, sur le tabagisme et l'industrie du tabac. Des révélations stupéfiantes, par exemple : saviez-vous que les cigarettes aujourd'hui sont essentiellement à base de tabac génétiquement modifié ? que la contre-bande de cigarettes est organisée par l'industrie du tabac elle-même ? qu'un fumeur vit en moyenne 10 années de moins qu'un non-fumeur ? pire, un fumeur passif est autant touché qu'un fumeur actif (peu consommateur) par les conséquences du tabagisme ? Saviez-vous que les industriels du tabac paient les pompiers français pour ne pas qu'ils révèlent le taux important d'incendies dûes à la cigarette ? Que Philip Morris a fait une campagne d'affichage en 2003 en Ukraine, dans laquelle il présentait sur l'affiche une femme enceinte ?!!...
Après cette bonne heure de révélations qui vous dégoûtent à jamais de la cloppe, place au concours de courts-métrages, réalisés par des étudiants en cinéma et audiovisuel des universités françaises, et notamment mon ex-faculté de Paris 1. Les deux courts-métrages primés l'année dernière lors de la première édition du festival, "Partir en fumée" de Talal Selhami et "Sous le signe du cancer" de Maud Alpi ont d'abord été projetés, puis la quinzaine de courts-métrages en compétition.
Des petits films très variés, docu, fictions, animations, qui évoquent le cancer, sa prévention, ses conséquences sous des formes très variées. Parfois drôles, parfois graves, poétiques, réalistes ou imaginaires, l'assemblage de ces courts-métrages offrait un panorama varié et intéressant des différentes problématiques liées au cancer.
L'après-midi s'est terminé en musique. Dommage qu'il n'y ait pas eu un peu plus de monde à ce festival pourtant gratuit. Une très bonne initiative en tout cas que cette collaboration entre la Ligue contre le cancer, Arte et les universités.

19.3.07

Créateur contre créature... en animation vidéo

Deux animateurs qui, d'abord en 2D puis en 3D, mettent en scène l'éternel combat entre créateur et créature...

Animator vs Animation, Alan Becker


Animator vs Animation II, Alan Becker


ESC, de Justin Henton

11.3.07

Coupez le son !

En cette période de campagne électorale, un très intéressant documentaire passait jeudi soir sur Canal+ : "Coupez le son ! Le charisme politique". Décryptant la communication non-verbale des hommes politiques (gestuelle, mimiques du visage, postures, timbre et intonations de voix, regards...), ce documentaire met en évidence l'importance de l'image - à opposer aux discours des candidats, et finalement au fond des programmes politiques... La télévision, ce mass média qui occupe en moyenne 3h 30 du temps quotidien des Français, a véritablement changé notre manière de percevoir les hommes politiques : l'image - le paraître - effaçant finalement le texte - les idées.


Je me permets de reprendre ici les explications apportées sur le site de Canal+ sur ce documentaire inédit de Thierry Berrod :

Sarkozy, Royal, Le Pen, Bayrou et avant eux Mitterrand, Giscard, Balladur… ont bien compris que dans nos sociétés, où leur image est hyper-exposée, un sourire franc et une attitude confiante valent tous les discours du monde…

En cette période de campagne électorale, chaque candidat sait qu’il va falloir séduire pour convaincre et tous sont désormais conscients de l’importance de cette communication non verbale. En effet, depuis les années 80, de nombreux psychologues politiques ou psycho-phonologues se sont penchés sur ce sujet et l’on sait aujourd’hui, que ce que l’on voit compte pour 90% dans les réactions d’adhésion ou de rejet d’un personnage politique.

René Zayan est un de ces psychologues politiques. Tout au long de ce film, il décrypte, images à l’appui et avec beaucoup d’humour, les messages non verbaux envoyés par nos futur(e)s dirigeant(e)s. Ainsi, la belle assurance et le ton autoritaire de Nicolas Sarkozy ne sont que peu soutenus par sa gestuelle alors que l’image négative qui se dégage de Jean-Marie Le Pen est essentiellement due à ses mimiques faciales.

Le visuel écrase tout le reste.
Ces analyses éthologiques sont établies dans un contexte historique, culturel, sociologique et ethnologique, afin de remettre en perspective les évolutions du comportement politique et de sa perception par le public. Des images obtenues grâce aux nouvelles technologies d’imagerie scientifique et médicale illustrent les théories développées et de nombreuses archives mettant en scène les hommes politiques français permettent de mesurer l’importance de l’image qu’ils ont pu donner aux moments clés de leur carrière politique.


René Zayan, professeur de psychologie politique à l’université catholique de Louvain (Belgique), mène son enquête avec beaucoup d'humour. Il propose notamment des comparaisons saisissantes des mimiques faciales de nos leaders politiques avec... nos cousins les singes ; il rencontre des coaches mais aussi, quelques personnalités politiques qui ont accepté de lui ouvrir la porte, comme Balladur, Le Pen, Arlette Laguiller.
Un documentaire qui nous pousse à prendre un peu de recul par rapport aux images répétées proposées par les médias et à faire un travail de réflexion sur nous-mêmes : pourquoi tel ou telle candidat(e) nous attire ? nous repousse ? Est-ce qu'un sourire de plus ou de moins, une gestuelle différente, une voix plus grave ou plus posée, une démarche plus spontanée ou plus autoritaire, un regard plus expressif ou plus direct, modifieraient notre appréciation d'un homme/une femme politique ?
Et la réponse est... sans doute, oui. Mais autant en être conscient.

5.3.07

Et si l'immigration changeait de camp ?

Une séance complète et très conviviale pour la sortie du film "Africa Paradis" du Béninois Sylvestre Amoussou, à l'Espace Saint-Michel mercredi dernier. Une petite sortie qui me serait passée inaperçue sous le nez, si je n'avais été informée par le blog de Géraud, un blog culturel sur le Bénin que je conseille à tous les curieux et amoureux de l'Afrique.
L'histoire : Dans un futur imaginaire, l'Afrique est entrée dans une ère de grande prospérité, tandis que l'Europe a sombré dans la misère et le sous-développement. Olivier et Pauline, un ingénieur et une institutrice française, n'arrivant plus à vivre décemment dans leur pays décident d'immigrer aux Etats-Unis d'Afrique. N'ayant pas réussi à obtenir un visa d'entrée, ils font appel aux services d'un passeur clandestin. Leur vie va dès lors basculer et ils découvriront les dures réalités de l'immigration, de la situation des sans-papiers aux difficultés pour trouver un emploi décent sans oublier l'utilisation politique qui est faite de leur existence...



Film à petit budget avec des acteurs pas toujours très convaincants, le film réussit pourtant le pari de pointer du doigt les réalités de l'immigration tout en nous faisant rire. Et il parvient à tenir son concept - l'eldorado africain ! - sur la longueur. Si les rôles sont inversés, on reconnaît aisément les tendances et positions politiques actuelles en France dans celles qui sont imaginées pour le Bénin. Utilisant à souhait la caricature et de nombreux rebondissements de l'action, le film est rendu facile à regarder et à comprendre par tous.
Le film n'est proposé que dans 2 salles parisiennes : L'Espace Saint-Michel et Images d'Ailleurs, et une salle de Montpellier, Le Royal. Un grand merci pour nous permettre de voir ce petit film subversif !
Pour en savoir plus, allez sur le site officiel du film.